L’euro a été durement impacté par la décision de la FED. In fine, elle n’a rien de surprenant étant donné que la majorité des analystes tablait déjà sur cette réduction du soutien monétaire de 10 milliards supplémentaires. Mais en revanche, les marchés tablaient clairement sur un discours moins agressif (hawkish) après les données économiques relativement mitigées du premier trimestre liées en grande partie aux évènements climatiques qui ont frappé les Etats-Unis. Autre facteur catalysant la réaction baissière des marchés : le maintien des perspectives d’inflation pour l’année en cours ainsi que pour les deux années suivantes, 2015 et 2016, par rapport aux dernières estimations de décembre 2013, ainsi que l’amélioration des perspectives sur l’emploi.
Les dernières prévisions communiquées faisaient état d’un taux de chômage se situant entre 6.1% et 6.3% à fin 2014 contre 6.3% à 6.6% lors de la dernière estimation, renforçant ainsi les anticipations d’un arrêt du QE dans les mois qui viennent.
En un trimestre, le montant mensuel des achats d’actifs a basculé de 85 à 55 milliards ce qui signifie qu’en poursuivant à ce rythme, la Réserve Fédérale mettra fin à son QE à l’automne…mais ce qui a principalement accéléré la baisse des marchés est la référence par Janet Yellen à l’augmentation des taux en 2015 et à la fin des références au taux de chômage dans la « forward guidance ». Sur les 16 membres de la FED, treize anticipent une hausse des taux en 2015, deux en 2016 et un…dès cette année. La présidente de la FED a également surpris les marchés en évoquant pour la première fois, suite à la question posée par un journaliste, un délai entre la fin des achats d’actifs (portant depuis plusieurs mois sur les bons du Trésor US et les MBS) et la première hausse de taux. Elle a estimé ce délai potentiel à 6 mois… Ce qui signifie que la banque centrale pourrait décider de procéder à un relèvement de ses taux courant du premier trimestre 2015.
Face à ce message fort envoyé par la FED, l’euro a potentiellement commencé à inverser sa trajectoire haussière et une nouvelle phase de consolidation et de correction devrait prendre forme dans les jours qui viennent en direction des supports précédents et plus particulièrement de la zone des 1.3650$ testée à plusieurs reprises au second semestre 2013 et en 2014. Un retour sur ce support devrait marquer l’entrée de l’euro dans une phase baissière à moyen et long terme avec comme objectifs suivants le support de janvier sous 1.3500$ puis celui de novembre à 1.3295$.