Hors crise du covid, Donald Trump ressort avec un bilan économique réussi (chute de la pauvreté, hausse des indices, faible taux de chômage pré-covid, etc…). Trump a manifestement accompagné le cycle économique ces 4 dernières années. Après cette nouvelle élection, ce début de mandat pour Biden s’annonce chaotique. Son projet économique fera indéniablement face aux difficultés du cycle économique naturel.
Un aperçu du programme économique…
Dans les grandes lignes, Biden prône un renforcement assez marqué de la place des pouvoirs publics dans l’économie. L’Histoire semble encore se répéter…
1/Fiscalité : hausse de l’impôt sur les sociétés le plus élevé de 21% à 28%; augmenter la tranche supérieure d’impôt sur le revenu de 37% à 39,6%, etc…
2/Soutien à l’idée du Green New Deal incluant la dépense pour près de 2T$ dans le cadre de son plan pour le climat. Ajouté à 1.3T$ de dépenses dans les infrastructures.
Alors que l’économie reste menacée horizon 2021/2022, Biden sera confronté à un sortir de crise extrêmement délicat. Le gouvernement Fédéral s’est enfoncé dans un déficit public hautement structurel (-3.1T$ en 2020 contre -1.4T$ en 2009). Il est évident que les hausses d’impôts voulues ne seront pas une solution suffisante pour recouvrir le déficit structurel et surtout pour appliquer son programme de dépenses massives. En cela que l’inefficience des pouvoirs publics pourrait s’en trouver renforcée (pouvant ainsi impacter la reprise comme ce fut le cas à la fin des années 1930). [Aspect budgétaire des prochains années sur lequel je suis revenu dans mon rapport prévisionnel].
Du côté des estimations critiques, Casey Mulligan de l’Université de Chicago estime par exemple que ces mesures pourraient coûter des millions d’emplois en moins (4.9M) ainsi qu’une réduction relative des biens et services produits.
Une réaction des marchés ?
Les contestations électorales [sur lesquelles je suis revenu à l’écriture de mon livre « 2021, Prémices de l’effondrement » en 2019] semblent rester limitées dans leur ampleur. Les américains sont réellement divisés à 50%/50%. De leur côté, les marchés restent pour l’instant assez calmes et ont considéré la configuration politique actuelle qui limite le pouvoir d’action de l’exécutif. Dans l’immédiat donc, l’évolution de la situation sanitaire devrait reprendre le dessus dans les préoccupations des marchés. Biden aura un nouvel impact sur les marchés courant mi-janvier 2021.
À moyen terme, l’impact de Biden sur les marchés dépendra essentiellement des mesures de soutien, puis de relance. Il faudra alors être vigilant à la réaction des Banques Centrales. À long terme, les difficultés budgétaires possibles, ajouté au possible impact réducteur de ces mesures à la croissance du cycle économique post-2022, pourrait provoquer une réduction des performances boursières en comparaison aux dernières années.
À très long terme, cela ne fait que renforcer le détournement libéral de l’Occident au sens large. Ces politiques à venir devraient implicitement profiter à des pays comme la Chine. Cette élection marque le même revirement politique auquel nous avons assisté près de 90 ans plus tôt. De manière plus contemporaine, cette élection d’un Président Démocrate s’inscrit dans le cycle très long de la puissance américaine.
Par Thomas Andrieu.