Le 23 Mai, j’ai été alerté par un message de mon courtier qui indiquait une augmentation de 100% de la marge nécessaire pour couvrir les position EUR-CHF. Étonné par ce message, j’ai pris quelques renseignements auprès du courtier qui m’a répondu qu’ils attendaient un surplus de volatilité sur cette paire de devises dans les prochains jours.
Si nous replaçons les choses dans le contexte actuel, que se passe t’il ?
La crise de la dette provoque dans certains pays d’Europe une situation économique peu soutenable, certains investisseurs trouvent dans le franc suisse une valeur refuge par rapport à l’euro, et investissent sur cette monnaie. Ce mouvement de fly to quality provoque une hausse du franc suisse par rapport à l’euro, qui handicape certaines entreprises Suisses qui vont avoir de plus en plus de mal à exporter.
Pour lutter contre la hausse de sa monnaie, la banque nationale suisse (BNS) a décidé d’intervenir massivement en fixant un seuil plancher au cross de devises à 1.20, car si le franc suisse monte, la paire de devises EUR-CHF aura tendance à descendre.
Sur cette décision, les investisseurs sont motivés à acheter la paire de devises pour soutenir la monnaie, d’autant plus que le différentiel de taux (voir chapitre carry trading) provoque un swap positif, qui améliore le rendement d’une position acheteuse sur cette paire de devises.
Ainsi, certains qualifient ce placement d’argent facile, sachant qu’un long défendu par la BNS offre une bonne garantie de sécurité.
Sauf que…
Certaines échéances très importantes approchent, et pourraient changer la donne. En effet, un référendum en Irlande va poser la question d’une acceptation par son peuple, de la politique d’austérité imposée par le FMI. Un rejet de ce référendum pourrait avoir de lourdes conséquences sur la suite, avec notamment une pression accrue sur la monnaie européenne.
De plus, le 17 Juin, un second vote devra définir la prochaine gouvernance grecque. Si la percée des partis extrémistes de gauche se confirme, la question de la sortie de la zone euro par la Grèce sera clairement étudiée, et les conséquences mettront une pression supplémentaire sur la monnaie unique.
Tous ces éléments sont de nature à provoquer une énorme pression sur la Banque Nationale Suisse, et malgré l’assistance de certains établissements financiers (Rabobank notamment), certains commencent à douter de la solidité du seuil plancher défini par la Suisse.
Certaines de mes connaissances issues du monde professionnel me confirment une grosse pression sur l’euro actuellement, certains institutionnels misent sur une forte baisse de l’euro dans les prochains jours, d’autres intervenants pensent même à une situation similaire à l’avant Lehman Brothers.
Les élections grecques et irlandaises ayant lieu durant le week end, si un résultat catastrophique sortait, le gap baissier engendré par cet évènement pourrait être énorme, et dans ce cas, le stop qui protège une position s’avère totalement inefficace.
Pour info, juste avant l’intervention de la BNS, la paire de devises était proche des 1.10, et on a même approché la parité parfaite (1.0006) en aout 2011.
Si un gap s’ouvrait à l’ouverture du marché un dimanche soir, un stop placé a 1.1980 par exemple serait exécuté à la valeur d’ouverture. Si le marché ouvre a 1.10 et remonte a 1.15 en quelques minutes, votre stop lui sera exécuté a 1.10., ce qui fait un écart 980 pips, qui peut provoquer une moins-value approximative de 1000 pips…
Le but de cet article n’est pas de créer une panique, mais de bien vous faire comprendre que le risque existe toujours, et que votre taille de position doit être adaptée à une possible perte de cette nature.
Malgré cette baisse de marge, si vous possédez un compte de 10.000€, et que vous avez 15 contrats à l’achat, votre marge utilisée est de 7500€ selon le nouveau barème. Si un gap de 1000 pips apparait, la perte sera alors de 15.000€, ce qui anéantira votre capital, et provoquera un appel de marge, et vous obligera a rembourser la somme (5000€) sous trois jours. Ne parlons même pas d’un gap supérieur…
Encore une fois, le but n’est pas de créer un mouvement de panique, ni de vous conseiller de clôturer vos positions, mais simplement de vous sensibiliser au risque encouru sur ce genre de placement.
Pour mémoire, l’investissement sur cfd peut vous faire perdre une somme supérieure au capital investi, et c’est dans ce cas extrême que cela peut se produire.
Soyez prudents, et bon trades…
Pour répondre à certaines questions, oui je continuerais à miser sur une intervention de la BNS, mais je le ferais en soldant mes positions avant le week end, notamment lorsqu’il y a des élections ou évènements particuliers, et en les reprenant le dimanche soir en mettant des stops.
Je préfère encore payer le spread, que risquer mon capital c’est une question de point de vue…